Aujourd’hui, la déforestation est responsable de 20 à 25% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Cette déforestation est à la fois une cause et une répercussion du changement climatique et du réchauffement de la planète. Plus précisément, la destruction de la forêt tropicale provoque chaque année plus de rejet dans l’atmosphère que l’ensemble du secteur des transports à travers le monde.
On sait que la végétation capte et stocke du carbone émis par les activités humaines par la photosynthèse et l’incorpore dans les matières organiques. En effet, les forêts absorbent et stockent naturellement du carbone en grande quantité et permettent également la formation de nuages qui contribuent à limiter le réchauffement climatique en réfléchissant la lumière du soleil. Comme les océans, les forêts, notamment tropicales, ont un rôle important dans l’atténuation des changements climatiques, et en particulier dans la limitation des émissions de gaz à effet de serre.
Mais, il est aussi important de s’intéresser aux émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation.
Les ONG recensent à ce jour onze zones de déforestation dans le monde mais trois sont réellement préoccupantes : l’Amazonie, notamment brésilienne, l’Afrique centrale et l’Asie du sud-est, essentiellement l’Indonésie et la Malaisie. La forêt européenne quant à elle se porte bien, fruit des politiques de reforestation et de la croissance naturelle de la forêt.
Les 3 principales raisons de la déforestation concernent :
Chaque minute, l’équivalent de 40 terrains de football de forêts disparaissent dans le monde.
Le principal procédé utilisé est l’abattage. Mais, en Indonésie par exemple, on utilise le défrichage par le feu (méthode dit du brûlis). Cette technique, qui a comme vertu la fertilisation rapide des sols (une fois les arbres abattus, le feu est mis au sol, qui récupère ainsi les éléments contenus dans les cendres) rejette de grande quantité de CO2 dans l’atmosphère.
En Indonésie, en 2015, le défrichage par le feu a rejeté 1,6 millions de tonnes de CO2 soit plus que ce qu’émet le Japon en une année.
Les gaz à effet de serre issus du déboisement par le feu contribuent donc largement au réchauffement climatique ; qui implique par la suite des dérèglements tels que décrit par le GIEC (augmentation de la fréquence des pluies torrentielles mais aussi des épisodes de sécheresses particulièrement longs et forts).
La Colombie a connu en mars dernier une coulée de boue qui a détruit une partie de la ville de Mocoa. Accentué par la déforestation, les pluies diluviennes ont provoqué des glissements de terrain puisque les zones déforestées ont tendance à s’effondrer, à se déliter, occasionnant des mouvements de terre importants[1]. Ce qui renforce et aggrave les événements météorologiques intenses et rendent les populations plus vulnérables.
Tempêtes et périodes de sécheresse fragilisent également les arbres ce qui les rend plus sensibles encore aux incendies. Les arbres ne s’adaptent que très difficilement aux changements climatiques. WWF indique que, de ce fait, près de la moitié de la forêt humide d’Amazonie pourrait se transformer en paysage désertique d’ici 25 ans[2].
La déforestation et la dégradation forestière entraînent donc un changement du climat qui, en retour, peut dégrader les forêts et les services qu’elles fournissent.
L’on peut par exemple aborder le récent sujet de la « sixième extinction » de masse expliquée, lundi 10 juillet dernier, par trois biologistes dans une étude parue dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)[3]. La première cause de menace pour les espèces serait, et de loin, la destruction et la fragmentation des habitats naturels, dues par exemple à la déforestation ou à l’urbanisation.
Le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a détaillé le 6 juillet dernier les contours de son « plan climat »[4] avec notamment un volet sur la lutte contre la déforestation. Il souhaite être cohérent avec l’accord de Paris en agissant pour mettre fin à l’importation des produits forestiers ou agricoles contribuant à la déforestation dans le monde, notamment en Amazonie, en Asie du sud-est et dans le bassin du Congo.
Plusieurs solutions devraient être mises en place pour réduire la déforestation. Dans son rapport annuel sur « La situation des forêts du monde » publié le 18 juillet 2016, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) propose des mesures écologiques et économiques pour garantir la survie des arbres comme notamment gérer de façon durable la production des terres : « au lieu d’étendre perpétuellement les terrains agricoles au détriment des forêts pour faire face aux besoins des 9 milliards d’individus d’ici 2050, l’organisation préconise d’augmenter la productivité agricole »[5].
La solution passe par une mobilisation de toutes les parties prenantes pour préserver les forêts, réservoir essentiel de la biodiversité : une gestion durable et une coupe sélective respectueuse de la forêt par les compagnies forestières ; réduire la fabrication de pâte à papier à partir des arbres, en développant fortement la filière de recyclage ; améliorer les foyers utilisés par la majorité des populations, qui cuisinent au feu de bois ; etc…
Pour aller plus loin, consultez le Grand Angle du Figaro : « Déforestation : anatomie d’un désastre annoncé », Yohan Blavignat, publié le 19/07/17 .
© Photo mise en avant – February 24, 2014 – AFP PHOTO / Bay ISMOYO