Selon une enquête d’opinion de décembre 2017, 53 % des français définissent la « ville de demain » comme « une ville qui remet la nature au cœur de la ville » (1er critère cité comme attendu).
Cette donnée issue d’un rapport du CESE [1] indique une forte volonté des habitants de vivre au sein de ville renouvelée dans ses usages et dans la conception de ses espaces publics.
Cette réflexion est devenue un sujet d’intérêt général puisque aujourd’hui « plus de la moitié de la population mondiale vit désormais dans des villes »[2] (ce chiffre atteindra 75% en 2050), les zones urbaines produisant déjà deux tiers des émissions de gaz à effet de serre.
Le rapport du CESE explique que « l’urbanisation, souvent incontrôlée, se conjuguant avec l’exploitation de certaines ressources naturelles, risque d’engendrer une très forte artificialisation des sols, néfaste aussi bien pour l’environnement que la qualité de vie ».
A cela s’ajoute les conséquences du réchauffement climatique, particulièrement visibles en ville et ressenties régulièrement par les habitants.
Luc Abbadie, professeur d’écologie à Sorbonne Université, rappelait par exemple, lors de son audition pour le CESE, que « la température dans les centres-villes est entre 2 et 4°C supérieure en moyenne par rapport aux zones rurales environnantes, phénomène contribuant ainsi aux surmortalités constatées lors de périodes de canicule ».
Alors, comment transformer la ville pour s’adapter à ces évolutions majeures ? Comment penser l’aménagement urbain ?
Pour remettre la nature au cœur des villes, il est essentiel d’en faire un élément structurant de l’aménagement des aires urbaines car trop souvent, les enjeux autour de la préservation de la biodiversité sont oubliés dans les politiques urbaines. Le rapport du CESE explique que la nature (faune, flore, eau, air, sol) est source de différents services écologiques[3] tels que la réduction de la pollution atmosphérique, la séquestration du carbone, la réduction des eaux de ruissellement, la régulation de la température et les économies d’énergie.
L’effet de la nature sur le confort thermique en ville et notamment les îlots de chaleur (à ce sujet, consultez notre article « Réchauffement climatique, canicule : comment prévenir les « bulles » de chaleur urbaines ?« ) n’est plus à prouver, tout comme son apport de plus en plus attesté par la science sur la santé mentale et physique des populations.
Il est donc impératif de soutenir les projets d’aménagement réellement durables pour proposer un cadre de vie plus agréable et favoriser le bien-être et la santé des habitants tout en intégrant ces populations à leur élaboration.
Cette accélération est d’autant plus cruciale dans le cas de zones urbaines à forte densité de population et aux écosystèmes dynamiques. Certaines agglomérations ont prévu un plan local d’urbanisme intercommunal de l’habitat (PLUIH). Ce plan local d’urbanisme (PLU) nouvelle formule permet de répondre à la problématique de l’étalement urbain.
Un exemple d’écoquartier, parmi tant d’autres, où les enjeux, les défis et les réussites d’une nouvelle approche du développement urbain ont été intégrés :
Selon Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, « (…) Les urbains comprennent désormais que la ville ne peut pas se développer avec ces principes [vision de développement du siècle dernier avec ses excès], mais au contraire en étant respectueuse de son environnement notamment rural »[4].
La problématique de la ville de Toulouse était d’envisager l’étalement urbain à l’échelle d’un territoire, intelligent et respectueux de l’environnement.
Le concept d’écoquartier s’avère une des alternatives pour accélérer la dynamique des « Smart cities », « villes vertes », « villes résilientes », « ville durables », etc. Un écoquartier est une zone urbaine conçue, organisée et gérée dans une logique de développement durable englobant la préservation de l’environnement (biodiversité), gestion économe du sol, la qualité de vie, l’intégration sociale et le développement économique sur le long terme. La préoccupation environnementale n’est pas le seul axe de conception d’un écoquartier. Ces quartiers doivent également répondre à des critères de performance environnementale et énergétique rigoureux comme pour les bâtiments, les transports, le recyclage des déchets, et en même temps, assurer la mixité sociale et fonctionnelle (logements, commerces, services publics, activités tertiaires, etc.)
Les villes de demain sont donc au cœur des grands enjeux contemporains. Pour accélérer la dynamique de « renaturation » des villes, imaginer et concevoir une ville accueillante et durable, il sera nécessaire d’inclure la nature dans l’ensemble des politiques publiques et d’en faire un élément structurant de l’aménagement urbain. Pour cela, l’ensemble des acteurs des filières concernées doit s’engager dans une démarche collaborative (le CESE suggère des collaborations nouvelles entre les disciplines, des approches et surtout des pratiques plus transversales, moins cloisonnées, de renforcer la recherche et de partager ses travaux avec les décideuses et décideurs, de former les actrices et acteurs et d’impliquer les citoyennes et citoyens).